Interventions périopératoires sur les résultats postopératoires en transplantation hépatique
Interventions périopératoires sur les résultats postopératoires en transplantation hépatique
C’est la semaine nationale de sensibilisation au don d’organes et de tissus (du 18 au 24 avril 2021). C’est l’occasion d’inciter les Canadiens à engager des conversations importantes avec leurs amis et leurs proches sur leur décision d’être donneur pour faire en sorte que leurs décisions et souhaits en matière de don d’organes soient bien compris.
La Fondation canadienne du foie s’est entretenue avec le Dr François Carrier, anesthésiste et spécialiste en soins intensifs au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, professeur agrégé de clinique à l’Université de Montréal et chercheur clinique et épidémiologiste au Centre de recherche du CHUM.
Le Dr Carrier dirige un programme de recherche sur les effets de différentes interventions périopératoires sur les résultats postopératoires des transplantations hépatiques. Ses autres intérêts de recherche comprennent la médecine transfusionnelle, la chirurgie cardiaque, la chirurgie abdominale majeure et l’épidémiologie clinique.
Toutes les réponses ont été modifiées pour des raisons de longueur et par souci de clarté.
Pouvez-vous nous parler de la transplantation hépatique?
Le foie constitue un organe important pour de nombreuses fonctions de l’organisme, mais il est rarement abordé par la population en général (ni même à la faculté de médecine). Lorsque le foie cesse de fonctionner (pour de nombreuses raisons telles que des maladies virales ou une consommation excessive d’alcool, entre autres), les gens tombent vraiment malades. Ils peuvent avoir des enflures, des ecchymoses qui apparaissent facilement, de la confusion, des infections et même une insuffisance rénale. La seule solution pour eux est de se faire greffer un nouveau foie, car il n’existe pas de machine capable de remplacer les fonctions hépatiques (contrairement aux fonctions rénales pour lesquelles il existe la dialyse). Cependant, la transplantation hépatique est une intervention chirurgicale majeure pratiquée sur des patients malades. Il s’agit d’un défi technique pour les chirurgiens et les anesthésistes. Cette intervention entraîne aussi une récupération relativement lente pour de nombreux patients. En effet, le parcours postopératoire des transplantés hépatiques est relativement facile pour 70 à 80 % des patients, mais il est plus difficile pour les 20 à 30 % des patients qui ont des hémorragies postopératoires, un foie qui ne fonctionne pas correctement, une insuffisance rénale ou qui éprouve de la confusion. Malgré cela, près de 95 % des patients fêtent le premier anniversaire de leur greffe et la plupart d’entre eux déclarent avoir une meilleure qualité de vie qu’auparavant.
Pouvez-vous nous parler de vos recherches?
La transplantation hépatique représente un défi, non seulement pour les chirurgiens, mais aussi pour les anesthésistes qui s’occupent des hémorragies, de l’hypotension, de la fonction rénale et de bien d’autres considérations pendant l’intervention. Il s’agit d’un domaine où la gestion des anesthésistes repose encore principalement sur les antécédents; la marge de manœuvre pour la recherche est donc immense. Bien que les transplantés du foie évoluent vers la guérison et une meilleure qualité de vie, le parcours postopératoire n’est pas toujours facile. Dans les jours qui suivent l’opération, jusqu’à deux tiers des patients sont susceptibles de présenter une complication importante, allant d’une infection et d’une insuffisance rénale à des difficultés respiratoires et des problèmes avec le nouveau foie. La plupart des patients surmontent ces complications, mais celles-ci retardent le rétablissement, la sortie de l’hôpital et l’amélioration immédiate de la qualité de vie. Ce que nous faisons en tant qu’anesthésistes pendant l’opération peut réduire la fréquence de ces complications. Mes recherches visent à mieux décrire ces complications et leurs facteurs de risque ainsi qu’à trouver des interventions qui peuvent être mises en œuvre avant, pendant ou juste après l’opération pour réduire ces complications.
Quel impact espérez-vous exercer grâce à vos recherches?
J’espère améliorer le rétablissement des patients en réduisant les complications après une transplantation hépatique. L’objectif de mes recherches est d’améliorer le rétablissement, de réduire le séjour à l’hôpital et d’améliorer la qualité de vie après une transplantation hépatique.
La leçon à retenir
Nous sommes loin d’avoir mis au point une machine capable de remplacer la fonction hépatique. Dans un avenir prévisible, la transplantation hépatique constituera le principal remède pour les patients souffrant d’insuffisance hépatique. Grâce à l’étude et à la recherche, j’espère que la transplantation hépatique pourra devenir une opération plus simple, avec un rétablissement bref et une amélioration plus rapide de la qualité de vie. Pour y parvenir, nous devons comprendre les interventions susceptibles d’améliorer les résultats des transplantations hépatiques.